UFC Que Choisir – Compteur Linky – L’intérêt des consommateurs à la trappe
11 février 2017UFC Que Choisir – Linky – Électricité – Scandales en vue
11 février 2017Compteur Linky – Surchauffe sur les abonnements
Publié le : 24/09/2013 – https://www.quechoisir.org/enquete-compteur-linky-surchauffe-sur-les-abonnements-n5777/?cc=1486842189
Même si le compteur Linky n’est pas facturé directement aux abonnés, une mauvaise surprise attend les consommateurs. Des millions d’usagers pourraient avoir à souscrire à un abonnement plus coûteux.
Le compteur Linky risque de coûter très cher aux consommateurs. En effet, d’après l’étude que vient de mener l’UFC-Que Choisir sur 201 foyers, 37 % des ménages consomment au-delà de leur puissance d’abonnement. C’est actuellement sans gravité, les compteurs en service supportent les dépassements ponctuels de puissance sans disjoncter. Linky, en revanche, est intraitable. Son interrupteur intégré coupe l’alimentation électrique dès que le besoin excède tant soit peu la puissance d’abonnement. Au moindre dépassement, il disjoncte. Lors des campagnes d’expérimentations menées en Indre-et-Loire et à Lyon, ce fut d’ailleurs une bien mauvaise surprise pour certains usagers. Leur nouveau compteur disjonctait alors que le problème n’existait pas avec le précédent. Ils ont dû contacter ERDF et, financièrement, ce fut la double peine : le distributeur leur a imposé une augmentation de puissance, une prestation tarifée, et depuis EDF leur facture un abonnement plus coûteux. Dire que cette expérimentation ne devait rien coûter aux participants !
Mais le pire reste à venir, avec la généralisation annoncée de Linky. Effectuée à partir du panel Powermetrix, qui mesure les consommations électriques de ménages volontaires, l’étude de l’UFC-Que Choisir a de quoi inquiéter. En extrapolant les données recueillies à l’ensemble des 27,5 millions d’abonnés, 10 millions de foyers devront souscrire à une puissance plus élevée, donc payer leur abonnement plus cher, pour éviter que leur compteur Linky disjoncte de façon intempestive. Beaucoup devront passer d’un abonnement de 6 à 9 kVA, d’autres de 9 à 12 kVA. Au total, les consommateurs obligés de passer à une puissance supérieure paieront, dans leur ensemble, au minimum 308 millions d’euros par an au titre de ce seul surcoût d’abonnement ! Impressionnant, ce montant reste néanmoins une évaluation minimale, nous n’avons pas inclus les puissances de 12 kVA et plus, trop peu représentées dans notre panel pour que les résultats soient généralisables.
Ajuster la puissance au plus près
L’autre enseignement de ce panel, c’est que 18 % des usagers sont floués. Ils sont surtarifés, paient pour une puissance d’abonnement trop élevée compte tenu de leur consommation d’électricité. Ces foyers surtarifés sont plus représentés dans la catégorie des abonnements de base que dans celle des heures pleines/heures creuses, leur fournisseur d’électricité aurait pu leur proposer une tranche inférieure d’abonnement, moins onéreuse. En extrapolant ces résultats de notre panel à l’ensemble de la population, on découvre que les ménages qui ont souscrit à un abonnement surpuissant de 6 ou 9 kVA paient au total un surcoût de 35,3 millions d’euros par an. C’est tout bénéfice pour EDF et ses concurrents. Pour les usagers, en revanche, ce sont plusieurs dizaines d’euros qui pourraient être économisées chaque année sur leur facture d’électricité.
Au final, seuls 45 % des ménages possèdent un abonnement qui correspond bien à leur consommation d’électricité, c’est peu ! Si le compteur Linky présente bien peu d’intérêt pour les usagers, il peut au moins permettre de rectifier cette anomalie en ajustant les abonnements aux niveaux de consommation. Pour éviter tous les surcoûts d’abonnement à venir, l’UFC-Que Choisir demande donc une refonte de la grille tarifaire d’abonnement. Puisque Linky enregistre les consommations avec précision, l’abonnement doit coller à cette précision en fonctionnant par paliers de 1 kVA et non plus de 3 kVA comme actuellement. Les usagers pourront ainsi passer d’un abonnement de 6 à 7 kVA et non plus de 6 à 9, ou de 9 à 10 et non plus à 12, ce qui limitera le surcoût du compteur Linky. Les usagers surtarifés pourront de leur côté diminuer leur puissance de 1 kVA. Ces ajustements de puissance sont d’autant plus simples avec Linky qu’ils se font à distance, ce qui réduit par ailleurs les coûts d’intervention. Les frais actuels facturés par ERDF pour un changement de puissance (au minimum 36,20 €), trop dissuasifs pour inciter à ajuster son abonnement, n’auront plus aucune justification.
Comment réduire sa consommation ?
Tout mettre en route quand on rentre chez soi est un geste si machinal qu’on n’imagine pas de faire autrement. Mais il est possible de réduire sa consommation d’électricité aux heures de pointe sans trop d’efforts.
Décaler certains usages
Le dépassement de la puissance souscrite qui ferait disjoncter le compteur Linky se produit environ une fois par semaine, d’après le suivi des consommations du panel Powermetrix. Plutôt que de se résigner à augmenter sa puissance d’abonnement et donc sa facture quand Linky sera installé, il vaut mieux s’habituer à répartir ses consommations sur la journée et renoncer à utiliser tous ses appareils électriques en même temps. C’est en fait plus simple qu’il n’y paraît, il suffit d’un peu d’attention. Quelques exemples.
- Le lave-linge et le lave-vaisselle n’ont pas besoin de fonctionner au même moment. On peut les mettre en route à des heures différentes et en dehors des plages de forte consommation.
- Le chauffe-eau électrique doit fonctionner aux moments creux, la nuit dans le cas d’un abonnement heures pleines/heures creuses. Il faut éviter qu’il se mette en route le soir aux heures de grande consommation.
- Les éclairages halogènes peuvent être remplacés par des ampoules basse consommation, qui consomment cinq fois moins d’électricité.
- Le mode « fast start » des téléviseurs et des lecteurs de DVD est énergivore. Il faut le désactiver pour passer en mode veille standard. La mise en route est un peu moins instantanée mais c’est l’affaire de quelques secondes.
Deux cas concrets issus de notre panel
1 • Abonnement à 6 kVA avec des consommations excédant parfois 6 kWh
Cette famille de trois personnes, un couple et son fils adolescent, habite une maison de six pièces, en Corse. Leur abonnement est de 6 kVA, le suivi des consommations démontre que cette puissance de 6 000 watts est dépassée de temps en temps. Le compteur actuel supporte, mais Linky couperait tout. Chauffé au gaz, le logement est bien pourvu en appareils électriques : réfrigérateur, congélateur, lave-linge, sèche-linge, lave-vaisselle, four micro-ondes, four classique, cuisinière, cafetière expresso, lecteur DVD, chaîne hi-fi, console de jeux, deux téléviseurs et deux ordinateurs portables.
Conseil de Que Choisir
Avec ce niveau d’équipement, il suffit de programmer le démarrage du lave-linge, du sèche-linge et du lave-vaisselle aux moments creux ou la nuit pour éviter tout dépassement.
2 • Abonnement à 9 kVA avec dépassements de puissance fréquents
Les parents et leurs deux enfants vivent en Rhône-Alpes dans une maison de cinq pièces. Elle est chauffée à l’électricité et dispose d’un chauffe-eau électrique, les appareils électriques sont nombreux : réfrigérateur, lave-linge, sèche-linge, lave-vaisselle, four micro-ondes, four classique, cuisinière, cafetière expresso, bouilloire électrique, téléviseur, lecteur de DVD, ordinateur portable et ordinateur fixe. Quand tout fonctionne en même temps, la consommation excède 9 kWh.
Conseil de Que Choisir
Pendant la saison de chauffage, le chauffe-eau électrique, le lave-linge, le sèche-linge et le lave-vaisselle doivent fonctionner la nuit et surtout pas le soir aux heures de forte consommation. C’est d’ailleurs plus économique puisque le kilowattheure coûte 10 centimes en heures creuses au lieu de 14,67 centimes en heures pleines.
Élisabeth Chesnais
echesnais@quechoisir.org
Nicolas Mouchnino